Au salon de Francfort, la voiture électrique enthousiasme manifestement Carlos Ghosn, pdg de Renault : « Vive la voiture électrique ! », clame-t-il après avoir présenté les quatre prototypes de véhicules électriques mis au point par son entreprise.
Si la « cause électrique » emballe même les industriels, on pourrait s’attendre à entendre, à l’arrière-plan et en chœur, les congratulations des écologistes – mais non…
Au contraire : plus les projets de voiture électrique se concrétisent, et plus les verts semblent partagés sur le sujet.
Alors que l’on entend depuis des années que la voiture électrique est « le » véhicule propre par excellence, l’avenir de la planète en matière de circulation etc., ces affirmations sont à présent remises en question. Mettons les choses au clair : le principal défaut des voitures à essence, d’un point de vue environnemental, c’est leurs émissions de gaz à effet de serre.
Une voiture électrique, en elle-même, ne produit aucun gaz à effet de serre.
A partir de ces deux données, l’équation semble simple à résoudre, et se traduit évidemment par l’équivalence « voiture électrique = voiture propre ». Mais encore faut-il s’interroger sur la manière dont l’électricité nécessaire au fonctionnement du véhicule va être produite – et c’est là que le bât blesse, car les centrales, nucléaires ou thermiques, sont productrices de gaz à effet de serre…
En France, où l’électricité est majoritairement fournie par des centrales nucléaires, le bilan resterait assez positif, puisque ces centrales n’émettent que peu de gaz à effet de serre. En revanche, dans la plupart des pays comme en Allemagne, l’électricité est majoritairement produite par des centrales thermiques, au gaz, au fuel ou au charbon : cette fois-ci, la production de gaz à effet de serre est beaucoup plus importante. Ainsi, un rapport de la branche allemande du WWF calcule que si on parvenait à remplacer 20 000 véhicules à essence par 20 000 voitures électrique, l’émission de CO2 ne baisserait que de 1 % : étant donné le coût élevé des voitures électriques, à l’achat comme à l’usage, le jeu en vaut-il réellement la chandelle ?
Pire encore ! Les écologistes reprochent également à la voiture électrique de renforcer – tout en déculpabilisant – le schémas de la voiture individuelle : alors que la voiture électrique justifierait l’idée selon laquelle chacun peut posséder sa propre voiture, les verts estiment que les mentalités doivent changer pour la sauvegarde de l’environnement, et que seule l’utilisation généralisée des transports publics et véhicules en auto-partage, co-voiturage et libre-service pourront améliorer significativement le bilan environnemental liés au transports…