Code de la route et seniors : quelle est la règle aujourd’hui ?
En France, le permis B est aujourd’hui délivré “à vie” : il n’existe aucune limite d’âge légale pour conduire, ni visite médicale systématique obligatoire liée au grand âge pour les automobilistes particuliers.
En pratique, un conducteur senior peut donc continuer à conduire tant qu’il se sent capable de le faire, sauf en cas de restriction médicale individuelle ou de suspension / annulation du permis par la préfecture ou la justice (pathologie grave, vision très altérée, addictions, etc.).
Au niveau européen, l’UE a refusé en 2024 de rendre obligatoire une visite médicale pour tous les seniors, laissant chaque pays libre de décider de ses propres règles.
Projets de réforme : visites médicales obligatoires ?
En 2025, plusieurs propositions de loi ont relancé le débat en France : des députés ont suggéré de mettre en place un examen médical périodique, par exemple tous les 15 ans pour tous les conducteurs puis tous les 5 ans à partir de 70 ans, voire plus rapproché après 75 ans.
À ce stade, il s’agit de projets en discussion, pas de règles appliquées : les modalités exactes (âge, fréquence, médecin traitant ou médecin agréé, impact sur le permis) ne sont pas encore fixées. L’objectif affiché est de mieux prendre en compte l’état de santé des conducteurs âgés, tout en préservant leur autonomie.
Moralité : en 2025, rien n’a encore changé concrètement pour les seniors au volant, mais le sujet est clairement sur la table et devrait continuer à revenir dans l’actualité dans les prochaines années.
Seniors et sécurité routière : que disent les chiffres ?
Les données récentes de l’ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière) montrent que les seniors de 65 ans et plus restent fortement représentés dans la mortalité routière : la gravité des accidents est plus élevée que pour les conducteurs plus jeunes, car les personnes âgées sont plus fragiles physiquement.
Quelques repères utiles :
- chez les 75–84 ans et surtout les 85 ans et plus, le taux de tués par million d’habitants dépasse celui de la moyenne nationale ;
- pour autant, les plus de 75 ans ne représentent qu’une minorité des accidents mortels en France (environ 9 % des accidents mortels causés).
Autrement dit : les seniors ne sont pas forcément les conducteurs les plus dangereux, mais ils paient souvent le prix le plus lourd lorsqu’un accident survient. D’où la nécessité d’adapter la conduite et de rester très vigilant sur son état de santé.
Pourquoi la conduite change avec l’âge ?
Avec les années, certaines capacités utiles à la conduite évoluent :
- vision : baisse de l’acuité visuelle, sensibilité à l’éblouissement (phares la nuit), difficulté à voir les panneaux ou les piétons dans l’ombre ;
- ouïe : moins bonne perception des sons (sirènes, motos, vélos, klaxons) ;
- temps de réaction : plus long qu’à 30 ans, surtout face aux imprévus (freinage brusque, enfant qui traverse, cycliste qui surgit) ;
- mobilité et douleurs : arthrose, raideur cervicale, difficultés à tourner la tête pour vérifier les angles morts ;
- fatigue et attention : concentration plus difficile sur les longs trajets, sensation d’épuisement après la conduite de nuit ou en circulation dense.
Ces changements sont normaux, mais ils ne touchent pas tout le monde au même rythme. L’important est de les reconnaître et d’adapter sa conduite en conséquence.
Signaux d’alerte à ne pas ignorer
Quelques signes qui doivent inciter un senior (et son entourage) à se poser des questions sur la conduite :
- vous vous sentez stressé dès que vous prenez le volant, même pour un petit trajet ;
- vous avez du mal à gérer les ronds-points, les intersections complexes ou les voies rapides ;
- vous vous faites klaxonner souvent, ou on vous dépasse régulièrement avec agacement ;
- vous avez vécu plusieurs “quasi-accidents” récemment (freinage d’urgence, oubli de priorité, franchissement involontaire de ligne continue ...) ;
- votre entourage (enfants, conjoint, amis) vous dit qu’il n’est pas rassuré lorsque vous conduisez ;
- vous avez du mal à vous repérer sur des trajets pourtant connus, ou vous confondez facilement des panneaux.
Un seul de ces signes ne signifie pas forcément qu’il faut arrêter de conduire immédiatement. Mais s’ils se multiplient, il peut être utile de faire un point sérieux sur votre aptitude à la conduite.
Mettre à jour ses connaissances du code de la route
Le code de la route a beaucoup évolué ces dernières années : zones 30, zones de rencontre, généralisation des radars, nouveaux panneaux pour les véhicules électriques, développement des pistes cyclables et des trottinettes... Même un conducteur expérimenté peut se sentir un peu perdu.
Quelques idées pour rester à jour :
- faire un quiz en ligne de temps en temps (séries de questions de code spécialement adaptées aux seniors, par exemple) ;
- participer à un stage ou atelier de remise à niveau pour seniors, souvent proposés par des communes, associations ou assureurs : bilan de conduite, rappel du code, conseils personnalisés ;
- feuilleter une édition récente du Code de la route ou un petit guide des changements récents.
Ces remises à niveau sont souvent vécues comme rassurantes et permettent de reprendre confiance tout en corrigeant quelques mauvaises habitudes.
Astuces pour continuer à conduire en sécurité
Sans renoncer à l’autonomie, il est possible d’adapter intelligemment sa façon de conduire :
- Choisir ses horaires : privilégier la journée, éviter la nuit, les heures de pointe, la pluie battante ou le brouillard ;
- Adapter ses trajets : préférer les itinéraires que l’on connaît, éviter les zones très complexes (grands échangeurs, centres-villes embouteillés) ;
- Faire des pauses régulières : pas plus d’1h30-2h de conduite d’affilée, surtout sur autoroute ;
- Limiter les distractions : téléphone coupé, GPS bien positionné, passagers calmes ;
- Entretenir sa voiture : bon réglage des phares, pare-brise propre, pneumatiques en bon état, vitres dégivrées ou désembuées avant de partir.
Le choix du véhicule peut aussi aider : boîte automatique, aides à la conduite (alerte de franchissement de ligne, freinage d’urgence, caméra de recul), bonne visibilité et sièges confortables permettent de réduire la fatigue et les risques d’erreur.
Parler de la conduite avec son médecin et son entourage
En France, il n’y a pas (encore) de visite médicale obligatoire pour tous les seniors, mais rien n’empêche de demander l’avis de son médecin traitant sur sa capacité à conduire, surtout en cas de :
- problème de vision (cataracte, glaucome, dégénérescence maculaire ...) ;
- maladie neurologique (Parkinson, AVC, troubles cognitifs) ;
- traitement médicamenteux qui altère la vigilance (somnifères, anxiolytiques, antidouleurs puissants, etc.).
Le médecin peut :
- adapter le traitement pour limiter les effets secondaires ;
- recommander un avis spécialisé (ophtalmologue, neurologue) ;
- éventuellement proposer une visite médicale de permis auprès d’un médecin agréé, si nécessaire.
L’entourage a aussi un rôle à jouer. Mieux vaut parler tôt et calmement de la conduite, plutôt que d’attendre l’accident ou la frayeur de trop. L’objectif n’est pas de “confisquer” le permis, mais d’aider à conduire différemment, ou à organiser progressivement l’après-permis.
Préparer l’après-permis : rester mobile sans conduire
Arrêter de conduire ne signifie pas renoncer à toute autonomie. Il existe de plus en plus de solutions pour continuer à se déplacer :
- Transports en commun avec cartes seniors, lignes à la demande dans certaines communes ;
- Taxis, VTC, transport solidaire associatif ou via des plateformes d’entraide ;
- Covoiturage avec des proches ou des voisins pour les courses, les rendez-vous médicaux, les sorties ;
- Services de livraison (courses, médicaments) pour limiter les trajets contraints.
Anticiper ces solutions avant d’être obligé d’arrêter de conduire permet de mieux vivre la transition et de garder une vie sociale, des activités, des rendez-vous médicaux sans dépendre totalement d’un seul proche.
À retenir
En 2025, les seniors restent libres de conduire en France, sans visite médicale systématique ni âge limite légal. Mais les débats autour d’éventuels contrôles d’aptitude pour les plus de 70 ans montrent que la question est devenue un enjeu de sécurité routière et de société.
En attendant d’éventuelles réformes, le meilleur “code de la route” pour les seniors reste celui-ci :
- se connaître (forces, limites, état de santé) ;
- mettre à jour ses connaissances (code, nouvelles règles, nouveaux usagers) ;
- adapter sa conduite (trajets, horaires, rythme) ;
- en parler avec son médecin et son entourage ;
- préparer, le moment venu, une mobilité alternative pour rester autonome, même sans permis.
L’objectif n’est pas d’opposer “jeunes” et “seniors” au volant, mais de permettre à chacun de circuler en sécurité, le plus longtemps possible ... ou d’arrêter au bon moment, sans se mettre en danger ni mettre les autres en danger.
Dernière mise à jour : novembre 2025.